Les caissons hospitaliers sont soumis à la directive 93/42 CEE du 14 Juin 1993. Le comité des dispositifs médicaux, placé auprès de la Commission des Communautés Européennes a décidé de classer ces caissons dans la catégorie II B des dispositifs médicaux. De cette classification découle des procédures de certifications CE faisant obligation au fabricant de soumettre un échantillon représentatif de la production à l’examen d’un organisme notifié, lequel procède à des essais et atteste que le produit satisfait aux dispositions de la directive ; cet organisme établit un certificat type.

Le Comité Européen pour la Médecine Hyperbare a largement débattu de ce problème sécuritaire aux cours de la conférence de Lille en 1994 et de la réunion de travail à Belgrade en 1998.

Les normes des installations, du personnel et de sa formation, de la prise en charge des patients et de la surveillances des séances furent largement débattus.

Les installations

Au cours de la conférence de Lille, les membres du jury formulèrent des recommandations quant aux règles de conception et de sécurité relatives à l’utilisation des chambres hyperbares et matériels médicaux susceptibles être utilisés dans ces conditions. En voici le texte :

Règles de conception de sécurité que doivent suivre les chambres et équipements médicaux pour un usage hyperbare

Qualités minimales requises pour la conception des caissons et pour les équipements médicaux destinés à traiter un patient en situation d’urgence et de réanimation.

  • Troubles de la conscience, défaillance respiratoire, instabilité hémodynamique ne doivent pas constituer un obstacle à la pratique de l’OHB (recommandation de type 1).
  • La prise en charge d’un patient en situation d’urgence et de réanimation en chambre hyperbare demande de pouvoir assurer les perfusions et traitements parentéraux nécessaires, le monitorage hémodynamique ainsi que les traitements permettant d’assurer la stabilité hémodynamique ainsi que tous les traitements nécessaires à assurer une ventilation correcte des patients, un monitorage des effets de l’oxygénothérapie hyperbare en particulier les mesures d’oxygène transcutanées (recommandation de type 1).
  • Pour minimiser les risques d’incendie, les appareils médicaux ne peuvent être utilisés dans une chambre hyperbare que si :
    • Ces équipements ont été spécialement réalisés pour un usage dans les chambres hyperbares, et leur sécurité contrôlée dans ces conditions,
    • Ou si ces équipements ont été modifiés spécialement pour le milieu hyperbare et si leur sécurité a été contrôlée,
    • Ou si ces équipements restent en dehors de la chambre hyperbare avec utilisation seulement à l’intérieur des électrodes ou des capteurs, la connexion électrique se faisant par des passages de coque (recommandation de type 1).
  • La ventilation contrôlée demande une adaptation particulière en milieu hyperbare. Actuellement, un appareil qui soit conforme au respirateur idéal permettant notamment d’assurer tous les modes ventilatoires en milieu hyperbare n’a pas encore été réalisé.

Qualités minimales requises pour la conception des caissons et pour les équipements médicaux destinés à traiter les patients atteints d’affections chroniques.

  • Un minimum de monitorage dépendant des conditions de chaque patient est nécessaire pour le traitement en oxygénothérapie hyperbare. La possibilité de monitorer les principaux paramètres hémodynamiques de façon non invasive est fortement recommandée (recommandation de type 1).
  • Le monitorage de la pression transcutanée d’oxygène, de la pression intratissulaire d’oxygène, l’emploi du laser-doppler sont actuellement les moyens les plus valides pour évaluer les effets du traitement hyperbare (recommandation de type 2).

Utilisation des chambres hyperbares pressurisées à l’oxygène. Leur usage est possible mais le respect de mesures de sécurité très importantes et très lourdes est fortement recommandé (recommandation de type 1).

Recommandations de sécurité à prévoir dans le cadre de Communauté Européenne.

Les chambres hyperbares correspondent à la définition des dispositifs de type II b et se trouvent par là soumises aux dispositions de la directive 93/42 du 14 Juin 1993 relative aux dispositifs médicaux (recommandation de type 1).

Les impératifs de sécurité devant être respectés lors de la conception et de l’utilisation des chambres hyperbares et des équipements médicaux introduits à l’intérieur de celles-ci :

Le feu est le danger principal en milieu hyperbare. Il faut donc pour éviter tout risque :

  • Construire le caisson avec des matériaux réputés incombustibles,
  • Eviter tout corps gras combustible,
  • Eviter une augmentation de la concentration en oxygène dans l’atmosphère du caisson (déversement de l’oxygène à l’extérieur, ventilation de la chambre,…) (recommandation de type 1).

Pour chaque installation, il convient de réduire les risques d’accident en trouvant des solutions adaptées car il n’existe aucune mesure universellement valable.

La conférence de Belgrade en Mai 1998 a permis aux différentes équipes d’hyperbaristes d’exposer leur approche du problème sécuritaire en caisson thérapeutique.

 J-C LE PECHON, un des intervenant de France, a repris les grandes lignes du discours tenu à Lille en 1994. Toutefois il faut souligner l’élaboration d’une nouvelle norme européenne (97/23/CEE du 29 Mai 1997) relative à la fabrication des caissons, applicable dès 1999 pour les caissons neufs et généralisée en 2002. Il souligne de plus l’intérêt de trouver un consensus applicable à tous les pays européens.

La formation du personnel :

L’affectation de personnel qualifié et compétent est nécessaire à l’organisation et au fonctionnement d’une unité d’hyperbarie (Décret 90-227 du 28-03-90).

a) les médecins :

 Leur formation est assurée par le Diplôme Inter-Universitaire de Médecine Subaquatique et Hyperbare. Ils nécessitent une surveillance médicale qui a pour objet de déterminer l’aptitude. Leur classement fait référence à la Mention C : Activité d’hyperbariste médical. Ils doivent bénéficier, avant une première affectation, d’une liste d’examens médicaux.

b) les personnels paramédicaux :

Le décret référencé ci-dessus du Ministère du Travail fixe les mesures de prévention réglementaire pour les personnes affectées à des tâches en hyperbarie. Ils doivent obtenir après un enseignement le Certificat Professionnel d’Aptitude à l’Hyperbarie Médicale Mention C, Classe II (0 à 4 bars) ou III (4 à 6 bars). Les centres agréés sont Lille, Lyon, Ajaccio. Toutefois COMEX-PRO est un organisme spécialisé agréé par l’Etat Français qui délivre cet enseignement.

c) les textes législatifs :

  • Décret n° 90-277 du 28 mars 1990 relatif à la protection des travailleurs intervenant en milieu hyperbare (J.O. du 29 mars 1990), modifié par le Décret n° 95-608 du 6 mai 1995 (J.O. du 7 mai 1995) et le Décret n° 96-364 du 30 avril 1996.
  • Arrêté du 28 janvier 1991 définissant les modalités de formation à la sécurité des personnels intervenant dans des opérations hyperbares (J.O. du 2 mars 1991), modifié par l’Arrêté du 18 décembre 1994 (J.O. du 27 décembre 1994).
  • Arrêté du 28 mars 1991 définissant les recommandations aux médecins du travail chargés de la surveillance médicale des travailleurs intervenant en milieu hyperbare (J.O. du 26 avril 1991).
  • Arrêté du 20 août 1991 fixant les conditions de dérogation à l’âge limite pour postuler au certificat d’aptitude à l’hyperbarie (J.O. du 30 août 1991).
  • Arrêté du 15 mai 1992 définissant les procédures d’accès, de séjour, de sortie et d’organisation du travail en milieu hyperbare (J.O. du 26 juin 1992).

Pour accéder aux textes référencés ci-dessus :

  • SUBAQUAMED, site de médecins du travail spécialisés dans le suivi médical des scaphandriers et des plongeurs professionnels.

Les patients : (4)

La prise en charge des patients dans une chambre hyperbare doit se faire avec la plus grande sécurité, que les patients soient en état critique ou souffrent d’une affection chronique.

a) les patient dits chroniques :

Ils sont souvent âgés avec de multiples altérations des appareils et organes. Dans ce cas , la prise en charge du patient avec la prévision de complications qui pourraient se vérifier pendant le traitement hyperbare est très importante.

Ils nécessitent un minimum de monitorage de façon non invasive des principaux paramètres hémodynamiques. Il est impératif de respecter les contre-indications de la mise en chambre hyperbare citées ci-dessous :

  • Contre indications absolues :
    • Epilepsie en activité
    • Pneumothorax
    • Bulles d’emphysème
    • Laryngocèle
    • Otite chronique
  • Contre indications relatives :
    • Antécédents de traumatisme crânien, comitialité
    • Antécédents d’asthme dans l’enfance
    • Insuffisance respiratoire chronique
    • Insuffisance cardiaque
    • Diabète
  • Contre indications temporaires :
    • Sinusite
    • Rhino-pharyngite
    • Otite

b) le patients « critiques » et le matériel de soins :

Les situations d’urgence et de réanimation de traitement de l’hyperbarie ont fait leur preuve depuis trente ans.

Les états précaires, tels qu’une défaillance respiratoire, troubles de la conscience, une instabilité hémodynamique, ne sont pas des obstacles à la pratique de l’oxygénothérapie hyperbare.

La chaîne de soins doit se poursuivre du SAS d’urgence ou de la réanimation à la chambre hyperbare.

La poursuite de la réanimation en caisson hyperbare demande le transfert d’équipements ultra-perfectionnés en milieu hyperbare avec des risques d’implosion en phase de compression et d’explosion en phase de décompression. Il existe également un risque d’incendie avec les matériaux et produits lubrifiants de même que les sources productrices d’électricité statique en milieu à pression élevée d’oxygène.

P. Pelaia lors de la conférence de Lille (septembre 1994) a exposé le problème de la façon suivante, que nous rappelons :

Pour résoudre ces problèmes il faut réaliser une de ces trois hypothèses :

  • Utiliser des équipements réalisés pour les chambres hyperbares ;
  • Modifier pour le milieu hyperbare des équipements normalement employés en réanimation médicale ;
  • Mettre en dehors de la chambre hyperbare les équipements et transporter à l’intérieur seulement le branchement d’électrodes ou les capteurs de pression à travers des passages de coque.

La ventilation assistée demande une adaptation au milieu hyperbare.

Le respirateur idéal doit être :

  • très petit et avec un encombrement minimum ;
  • aisément transportable ;
  • alimenté à l’aide d’une source de gaz comprimé ;
  • sans composantes électriques ;
  • sans lubrifiant intérieur inflammable ;
  • sans compartiments étanches ;
  • avec de très petites modifications pour son installation ;
  • avec une sortie au dehors des gaz expirés par le déverseur de la chambre hyperbare ;
  • avec un rang de ventilation de 0-20 l/min ;
  • avec un volume insufflé qui ne se modifie pas lors des variations de pression dans  la chambre ;
  • avec la possibilité de réaliser une pression positive télé-expiratoire ;
  • avec la possibilité de ventiler, outreen CPPV, en IMV et/ou SIMV et/ou assisted/controlled mode.

Beaucoup de respirateurs ont été vérifiés en milieu hyperbare.

Quelques-uns répondent à un grand nombre des paramètres du respirateur idéal, mais il n’est pas possible de ne pas modifier des paramètres lors des variations de pression dans la chambre hyperbare.

Théoriquement, les solutions techniques pour réaliser le respirateur hyperbare prévoient :

  • Un respirateur volumétrique qui répond à tous les standards de sécurité en milieu hyperbare. Il faudrait réaliser un moteur électrique alimenté par un courant à bas voltage et dans le même temps capable de développer une grande puissance ;
  • Un respirateur qui obéit à une logique pneumatique, ce qui permet de le faire fonctionner en milieu hyperbare. La conception de la logique pneumatique doit assurer le maintien de la fréquence délivrée et du volume insufflé, de même que la constance des autres paramètres de la ventilation jusqu’à une pression de 6 ATA.

En développant ces deux adresses, quelques ventilateurs hyperbares ont été réalisés qui fonctionnent correctement en milieu hyperbare mais ne donnent pas de soins identiques à ceux dont bénéficie le malade dans la salle de réanimation.

Actuellement, un appareil qui soit conforme au respirateur idéal n’a pas encore été réalisé.

Si les systèmes de contrôle du fonctionnement du respirateur sont en cours de développement, le monitorage respiratoire est  du domaine expérimental.

La gazométrie artérielle n’est pas de pratique courante, car pour être justes et fiables les mesures  doivent être pratiquées à l’intérieur même de l’enceinte hyperbare grâce à un matériel adapté, conforme de surcroît aux impératifs de sécurité.

Récemment, au Congrès de l’Undersea and Hyperbaric Medical Society à Denver (Colorado), un papier à été présenté qui a démontré la possibilité d’utilisation dans la chambre hyperbare d’un appareil pour la gazométrie artérielle très petit et d’emploi très facile.

La détermination de la pression transcutanée d’oxygène s’avère un test prédictif de l’évolution des ischémies aiguës post-traumatiques des membres et permet de poser les indications ainsi que de juger de la réponse du traitement hyperbare avec précision.

La pression transcutanée d’oxygène peut être modifiée par l’hémodynamique du système macro et micro-circulatoire, à cause de l’absence du nettoyage de la peau sous l’électrode, par l’épaisseur de la couche cornée, par la possibilité d’œdème dermique.

Dans la chambre hyperbare, les risques qui dépendent de l’emploi du défibrillateur sont liés à la possibilité d’incendie provoqué par l’arc voltaïque qu’on détermine sur les plaques-électrodes.

Il faut poser le défibrillateur au dehors de la chambre hyperbare et à l’aide d’un pont spécial d’accouplement et à l’aide d’un câble de transmission avec des électrodes très larges posées sur le thorax du patient on réalise la décharge électrique à l’extérieur de la chambre hyperbare et ainsi on évite les risques d’incendie.

Toutefois pour les patients chroniques ou aigus, la prévention reste la clef pour minimiser le risque chez tout malade. On s’attachera à rechercher systématiquement dans les limites du possible :

  • les antécédents : 
    • O.R.L,
    • Pulmonaire (PNO, asthme, emphysème),
    • Neurologique (convulsions, traumatisme crânien etc.),
  • Examen cardio-respiratoire,
  • Otoscopie avec Valsalva si doute d’impédancemétrie,
  • Radiographie Thorax (inspiration et expiration forcées).

L’éducation du patient passe par l’explication du déroulement de la séance :

  • l’apprentissage de l’équilibration des tympans par déglutition,
  • Apprentissage du Valsalva,
  • signaler la moindre douleur,
  • un accompagnement si besoin.

Il va de soi que certains matériaux sont interdits dans une enceinte hyperbare. La société de Physiologie et de Médecine Subaquatiques et Hyperbares de Langue Française (MEDSUBHYP) a diffusé par Internet les matériaux interdits.

Il est interdit d’introduire dans une chambre hyperbare :

  • Tout élément combustible ;
  • Briquets, allumettes, alcool ;
  • Matières grasses de toute sorte  :
    • Brillantine, tâches de cambouis, chaussures grasses, pétrole et dérivés.
    • En particulier les roulements à billes des roues des chariots et fauteuils doivent être soigneusement dégraissés. Seul l’usage de lubrifiants incombustibles est autorisé (Fomblin, Voltalef) ;
    • Beurre, aliments gras, casse-croûtes, sucre en grandes quantités,
    • Pansements gras, vaseline, glycérine, Biogaze, etc.
  • Papiers en grandes quantités (attention aux journaux) ;
  • Vêtements (ou sous-vêtements) synthétiques susceptibles de se charger en électricité statique.
  • Les pansements seront remplacés par de la gaze sèche ou imbibée de solutions ininflammables (sérum physiologique, Dakin, Bétadine, ammonium quaternaire). L’antisepsie de la peau sera réalisée par ces mêmes produits.
  • Il est interdit de fumer dans un caisson hyperbare.
  • l’introduction de thermomètres à mercure est formellement interdite, car il y a risque d’intoxication par les vapeurs en cas de bris.

Il est à noter que JC Le Pechon [10], lors de la Conférence de Belgrade (1998), souligne la responsabilité du chef de caisson dans la vérification de la nature des objets transportés par les patients dans le caisson. Pour lui, la fouille est une pratique tout à fait envisageable.

L’information du patient est indispensable ; elle doit se faire sur support écrit et elle doit être expliquée au moment de la consultation.

La surveillance des séances : (7)

Le responsable de l’installation hyperbare doit établir et mettre à disposition des médecins, des opérateurs, et infirmiers un manuel de procédures de sécurité en milieu hyperbare.

Le manuel de procédure définit les fonctions et les rôles respectifs des différents personnels intervenant, les règles de sécurité et de prévention à observer au cours des opérations hyperbares.

La surveillance du patient doit se faire de façon directe par l’accompagnant quand c’est nécessaire. Mais on doit également disposer de grands hublots pour visualiser le monitorage, faciliter le rôle du caisson master. Le poste de contrôle doit regrouper les moyens de communication, d’alerte, de lutte incendie et toutes les informations nécessaires sur la pression dans le caisson (chambre / SAS), sur la nature des gaz respirés et les volumes des stocks de gaz disponibles. Une communication sonore et visuelle par caméras, interphones vidéo doit être permanente. De plus, la chambre hyperbare doit être équipée de systèmes permettant le contrôle permanent de l’ambiance de vie du caisson (concentration en O2, concentration CO2, température, hygrométrie). Concernant la concentration d’O2, la norme française est actuellement de 25%. Elle devra vraisemblablement évoluer vers la norme américaine de 23,5%. Pour cela on doit disposer de :

  • Circuits d’inhalation étanches,
  • Présence de déverseurs des gaz expirés vers l’extérieur pour chaque patient,
  • Existence d’une ventilation de capacité suffisante compte tenu des fuites constatées lors de l’utilisation,
  • surveillance permanente de la concentration par un analyseur spécifique à chaque chambre, muni d’une alarme et d’un enregistreur.

On doit pouvoir assurer une stabilité de l’ambiance thermique (régénération, ventilation, climatisation). 

Le chef de SAS a sous sa responsabilité :

  • Le contrôle du matériel et des produits introduits dans la chambre hyperbare ;
  • La surveillance de la concentration d’oxygène pendant la séance et la mise en oeuvre des moyens appropriés pour la maintenir en dessous de la concentration critique ;
  • La vérification avant chaque compression de l’absence de matériaux susceptibles d’être la source ou d’entretenir le feu.

L’accompagnant a sous sa responsabilité :

  • Le contrôle qu’aucun patient n’emmène dans la chambre hyperbare d’objets dangereux ;
  • L’information du patient vis-à-vis de la conduite à tenir en cas d’incendie, ainsi que les mesures de prévention du feu.

La formation du personnel aux mesures de lutte et de prévention contre l’incendie est indispensable. Elle doit se faire au cours de la formation initiale et doit être réactualisée de façon périodique.

La vérification de l’acquisition des procédures de lutte contre l’incendie, de même que celle de l’opérationnalité des systèmes devront être testées par des exercices périodiques, dont la fréquence devrait être au moins de deux par an.

Le Manuel d’Opérations Hyperbares :

  • Celui-ci doit être une des clefs de voûte de la sécurité. Ce manuel regroupe les différentes mesures de sécurité et les procédures opérationnelles décidées par le chef d’établissement.

Ainsi, dans notre pays, le Code du Travail protège les hyperbaristes en leur assurant une formation sécuritaire, un suivi médical et un niveau défini dans la technologie des équipements utilisés.

Mais au delà du strict cadre réglementaire, la sécurité du personnel, mais aussi des patients qu’ils accompagnent dans les caissons, doit bénéficier de l’expérience acquise par les différentes équipes d’hyperbaristes et des dernières avancées de la science et de la technologie. Les différentes Sociétés Savantes soucieuses d’hyperbarie jouent un rôle important à ce niveau.

Règles de sécurité MEDSUBHYP

A titre d’exemple, voici les règles de sécurité des chambres thérapeutiques hyperbares préconisées par la Société de Médecine et de Physiologie Subaquatiques et Hyperbares de Langue Française (MEDSUBHYP) et qui étaient proposées sur le site internet de MEDSUBHYP en 1999 :

« L’usage des chambres (ou caissons) thérapeutiques hyperbares expose ses utilisateurs, les patients qui en bénéficient et la population alentour à un certain nombre de risques qu’il convient de prévenir.« 

Parmi ces risques, l’incendie est le plus à redouter. Le dernier en date est survenu le 31 octobre 1997 à Milan (Italie) et a fait 11 morts, tous à l’intérieur de la chambre.

Il convient donc de rappeler les consignes de sécurité applicables à ces appareils, qui sont d’ordre législatif et réglementaire [1, 2, 3]. Le chef d’établissement est responsable de leur application. Elles doivent faire l’objet de directives à l’usage du personnel d’exploitation.

Matériaux :

Les matériaux constitutifs du caisson doivent être ininflammables ou ignifugés (norme UIC) :

  • peintures,
  • planchers, cloisons,
  • literie (draps, couvertures, matelas),
  • revêtements des sièges ;

Les circuits d’oxygène gazeux ou de mélanges gazeux contenant plus de 30% d’oxygène doivent être dégraissés : tuyaux, vannes, clapets, soupapes, débitmètres, barboteurs, inhalateurs, déverseurs.

Matériels :

Il est interdit d’introduire dans une chambre hyperbare :

  • tout élément combustible,
  • briquets, allumettes, alcool,
  • matières grasses de toute sorte :
    • brillantine, tâches de cambouis, chaussures grasses, pétrole et dérivés. En particulier, les roulements à billes des roues des chariots et fauteuils doivent être soigneusement dégraissés. Seul l’usage de lubrifiants incombustibles est autorisé (Fomblin, Voltalef) ;
    • beurre, aliments gras, casse-croûtes, sucre en grande quantité, …
    • pansements gras, vaseline, glycérine, biogaze, etc.
  • papiers en grande quantité (attention aux journaux) ;
  • vêtements (ou sous-vêtements) synthétiques susceptibles de se charger en électricité statique ;

Les pansements seront remplacés par de la gaze sèche ou imbibée de solutions ininflammables (sérum physiologique, Dakin, Bétadine, ammonium quaternaire). L’antisepsie de la peau sera réalisée par ces mêmes produits.

Il est interdit de fumer dans un caisson hyperbare.

L’introduction de thermomètres à mercure est formellement interdite (risque d’intoxication par les vapeurs en cas de bris).

Circuits électriques :

La tension électrique à l’intérieur du caisson est limitée à 42 V. Les circuits doivent être pourvus de dispositifs détecteurs de défaut d’isolement. Les appareils électriques utilisés ne devront pas produire d’étincelles.

Composition de l’atmosphère :

L’atmosphère du caisson ne devra pas contenir plus de 25% en volume d’oxygène. Pour cela :

  • les patients sont alimentés en mélanges gazeux respiratoires par un inhalateur (ou tente à oxygène) présentant des qualités d’étanchéité, autour du visage ou de la tête, propres à éviter l’enrichissement de l’atmosphère du caisson en oxygène.
  • Les gaz expirés doivent être rejetés à l’extérieur du caisson par un dispositif déverseur en bon état de fonctionnement. Une résistance expiratoire élevée sur le déverseur conduit à expirer à l’intérieur du caisson.
  • L’étanchéité des circuits d’oxygène ne doit pas reposer sur les clapets des prises baïonnettes normalisées. Celles-ci doivent impérativement être doublées d’une vanne d’isolement.
  • Un analyseur doit permettre de connaître en permanence et en continu la fraction d’oxygène dans l’atmosphère des différents compartiments du caisson (chambre et sas). Cet appareil doit être régulièrement contrôlé et étalonné. Les sondes d’oxygène à durée de vie limitée doivent être remplacées au plus tard 12 mois après leur première mise à l’atmosphère. En cours de vie, on doit s’assurer qu’elles sont capables de répondre à une FO2 > 30%.
  • Un dispositif de ventilation forcée doit permettre d’éliminer rapidement, quelle que soit la pression ambiante, tout excès accidentel d’oxygène dans l’atmosphère du caisson.

Système d’extinction d’incendie :

Un dispositif d’extinction d’incendie sous pression doit être présent et en état de fonctionner. Il doit être manoeuvrable de l’intérieur et de l’extérieur du caisson. Un essai de fonctionnement au moins annuel doit être effectué à la pression maximale de service et consigné sur un registre historique.

Formation du personnel :

Le personnel chargé de l’exploitation et de la maintenance du caisson devra avoir reçu la formation adéquate à la prévention des accidents, à la mise en oeuvre des consignes de sécurité, et aux conduites à tenir en cas de dysfonctionnement.

Il est notamment chargé :

  • de l’application des mesures tendant à prévenir l’introduction par les patients de substances ou matières dangereuses : faire vider les poches, contrôler la nature des matériaux des vêtements, vérifier les pansements ;
  • de la surveillance du bon fonctionnement des systèmes inhalateurs-déverseurs et de leur bon positionnement sur les voies aériennes des patients ;
  • de la surveillance du taux d’oxygène dans l’atmosphère du caisson.

Références :

  1. Ministère de la Santé Publique : Conditions techniques relatives aux appareils de ranimation de la catégorie II. Arrêté du 28 février 1970, J.O. du 2 avril 1970.
  2. Ministère du Travail : Décret n°74-725 du 11 juillet 1974 (art. 16), J.O. du 21 août 1974 et Arrêté du 1er octobre 1974, J.O. du 29 novembre 1974.
  3. Marine Nationale : Instruction sur la plongée autonome, tome 2, titre 5, §4 : Sécurité des caissons de recompression, COMISMER, 83800 Toulon Naval, 1996.
  4. LE PECHON JC, Hygiène, sécurité, prévention en milieu hyperbare. Actes de la première conférence européenne de consensus sur la médecine hyperbare, F.Wattel et D.Mathieu Ed., Lille, France, 1994. »

Procédure en cas d’incendie :

Voici, à titre d’exemple, les procédures en cas d’incendie en vigueur dans le Service de Médecine Hyperbare du Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille :

Rôle de l’accompagnant :

  1. alerte le chef d’opérations hyperbares ;
  2. maintient les patients sous masque et fait mettre les couvertures ignifugées ;
  3. met un masque ;
  4. attaque le sinistre avec, par ordre d’importance, extincteur ou arrosage par commande intérieure ;

Rôle du chef d’opérations hyperbares :

  • simultanément :
    • ferme la vanne d’oxygène et passe tous les circuits d’inhalation sur Air ;
    • déclenche le système d’arrosage du pupitre dans les chambres en communication ;
    • décomprime à vitesse maximum pour tenter de créer une chute de température ;
  • puis :
    1. prévient ou fait prévenir le service de sécurité du CHRU (tél : 18) ;
    2. coupe l’alimentation électrique des caissons au pupitre ;
    3. fait arroser la chambre avec le RIA du couloir (limiter l’élévation de température) ;
    4. ferme la vanne d’alimentation principale d’oxygène (circuit spécifique caissons dans le regard à l’extérieur – plaque de tôle) ;
    5. procède à la décompression normale des autres chambres.

Cas d’une séance non accompagnée :

  • procédure « chef d’opérations hyperbares » avec ouverture de l’arrosage en pluie au pupitre.

Prévention : proscrire en chambre hyperbare :

  • les corps gras :
            – alimentaires,
            – médicaux non protégés ;
  • les tissus synthétiques :
            – drap,
            – couvertures,
            – vêtements ;
  • les briquets et allumettes.

Conclusion

Vu les différentes conférences du consensus, il convient désormais que les départements d’hyperbarie médicale soient conformes aux dernières recommandations publiées, tant au niveau des équipements que des procédures d’utilisation.

En France, le Directeur de l’établissement hospitalier dans lequel est installé le caisson hyperbare est le premier responsable au plan juridique en cas d’accident.

Par ailleurs, les règles de sécurité doivent être en permanence réévaluées en fonction de l’expérience acquise par les équipes d’hyperbaristes et par les constructeurs.

L’accent de la sécurité doit toujours être mis en premier lieu sur l’aspect préventif, la formation du personnel et l’éducation du patient.

Les procédures de sécurité se doivent d’être écrites, rappelées régulièrement à tout nouveau membre du personnel et à tout nouveau patient.

Chaque chambre hyperbare se doit de réduire les risques d’accidents selon sa conception.

voir aussi :  les risques en chambre hyperbare


Références :

  1. P. DECIS. ; Oxygénothérapie Hyperbare : maintenance des équipements et sécurité ; Enseignement Opérateur Caisson Hyperbare COMEX PRO.
  2. Sécurité des Chambres Thérapeutiques Hyperbares : Compte rendu de l’accident de Milan.
  3. Le PECHON J.C. ; Sécurité pour les travaux Hyperbares dans les tunnels ; Enseignement D.I.U de Médecine hyperbare et Subaquatique.
  4. P. PELAIA. ; Oxygénothérapie Hyperbare : Matériels et sécurité, rapport de synthèse ; Première Conférence de Consensus sur la Médecine hyperbare ; Lille ; 1994.
  5. F. PASTUREAU. ; Prévention et Lutte contre les incendies dans les caissons hyperbares hospitaliers ; Mémoire D.I.U Médecine Hyperbare ; 1998.
  6. MELIET JL. MACCHI JP. ; « Les problèmes de normalisation des installations thérapeutiques hyperbares » ; Première conférence de Consensus sur la Médecine Hyperbare ; Lille ;1994.
  7. U.VAN LAAK. P PELAIA. ; Hyperbaric oxygen therapy : matérial, equipement and safety ; Première conférence de Consensus sur la Médecine Hyperbare ; Lille ; 1994.
  8. P.J. SHEFFIELD, DESAUTELS DA. ; Hyperbaric and hypobaric chamber fires : a 73 year analysis ; Under Sea Hyper Medical Society ; Inc : 153-164 ; 1997.
  9. LE PECHON JC ; « La sécurité en milieu hyperbare » ; Première conférence de Consensus sur la Médecine Hyperbare ; Lille ; 1994.
  10. LE PECHON JC ;. « Personnal safety in Hyperbaric medecine general risk analysis » ;. First European Workshop and post-graduate course on hyperbaric medecine ;. Belgrade ;. 7-10 mai 1998.