Né à Ancône vers 1500, donc contemporain de Léonardo Botallo, Bartoloméo Eustachi est le découvreur de la trompe d’Eustache. Au prix du changement d’une seule voyelle, son nom reste gravé au fronton européen de la médecine.

Comme Botallo il fut au sein d’une époque troublée, un grand humaniste. Issu d’une famille noble, parlant le Latin, le Grec, l’Hébreu et même l’Arabe, il fit ses études de Médecine à Rome.

Il publia dès 1562-1563 des traités anatomiques sur l’oreille, les reins, le système veineux et les dents. Le livre sur l’appareil auditif (« De auditus Organi ») précise de façon remarquable l’anatomie du conduit reliant le pharynx à l’oreille moyenne qui lui vaudra de façon posthume la reconnaissance de l’Histoire.

Il nous laisse aussi la célèbre valvule d’Eustachi située à l’abouchement de la veine cave inférieure dans l’oreillette droite et 47 planches anatomiques qui ne seront publiées qu’en 1714. Quatre cents ans avant notre ère il avait donc décrit une grande partie des structures qui posent problèmes lors de la plongée subaquatique.

L’époque était troublée, l’Italie était désunie, morcelée soumise aux puissances des villes et des princes de la guerre. L’époque n’était pas à la dentelle. C’est celle de la réforme et de la contre réforme. On réactive l’inquisition. On assassine gentiment.

Tout esprit novateur a intérêt à trouver refuge chez les puissants. Eustachi se mit pendant 30 ans sous la protection du duc Guidobaldo II d’Urbino et de son frère le Cardinal Giulio della Rovere. Ces deux éminents personnages menaient grand train, ce qui les contraignit à augmenter les impôts, entraînant une révolte qu’ils se trouvèrent contraints de réprimer cruellement.

Plus rusé que Galilée, Eustachi resta toute sa vie proche de l’aristocratie catholique. Habilement, il dédicaça tous ses ouvrages à différents cardinaux qui assurèrent sa défense, en particulier vers 1562 quand ses oeuvres furent l’objet de vives polémiques. Ainsi, à l’inverse de son contemporain il n’eut pas à subir les affres de de l’inquisition.

Il mourut à Umbria le 25 août 1574.