Lors des mesures d’échanges alvéolo-capillaires pratiquées par spectrométrie de masse chez l’animal à 5 ATA après changement de gaz diluants inhalés (N2 et He), il a été observé que ceux-ci ne suivaient pas une loi multi-exponentielle (modèle de Haldane) mais pouvaient être simulés par l’utilisation d’équations sigmoïdales établies par Wald en 1971 : c’est-à-dire une courbe qui démarre tangentiellement à l’axe des temps, présentant un « pseudo-délai ».

Ce modèle, établi par Wald pour rendre compte des transferts gazeux au travers d’une membrane de diffusion, décompose la structure étudiée en une série d’une infinité de compartiments en série : chaque compartiment de rang n se charge à partir du précédent n-1 et se vide dans le suivant n+1 uniquement par diffusion.

Le « pseudo-délai » pourrait être interprété comme représentant les étapes de convection aérienne et sanguine entre les gaz inhalés et le compartiment (qui sont négligées dans le modèle haldanien) : la perfusion et la diffusion auraient chacune leur rôle dans ce modèle.

Dans le modèle multi-exponentiel, tous les compartiments commencent à se charger dès les début de l’inhalation de gaz sous pression, alors que dans ce nouveau modèle, seuls se chargent les compartiments pour lesquels le délai imposé pour les échanges est en court ; à l’inverse, si le compartiment a un délai long, il ne commencera à se charger en gaz que lorsque le délai sera passé.

La situation symétrique peut être prévue à la décompression. En effet, plus le compartiment est « lent », plus il présentera un long « retard » à la désaturation : celle-ci ne commencera qu’avec un délai. Dans les plongées successives, l’existence de ce délai implique, pour des plongées rapprochées, les compartiments les plus lents n’auront pas commencé à se désaturer. Ce phénomène permettrait d’expliquer pourquoi Imbert a dû tenir compte de majorations extrêmement importantes dans le cas de plongées successives à intervalles courts.

Il faut donc admettre que les bulles intra-tissulaires provoquent un ralentissement des échanges du compartiment concerné et permet d’expliqué grâce au doppler un retard observé dans les flux maximaux de bulles circulantes.

L’utilisation de ce type de modèle pourrait permettre d’optimiser le calcul des tables, de tenir compte de la présence des bulles, et d’amener à des durées de décompression plus courtes pour des durées de séjour sur le fond faibles mais probablement plus longes pour des durées de séjour sur le fond longues ainsi que pour les plongées successives. 


Réf. : Imbert JP & Bontoux M, A method for introducing new decompression procedures. UHMS Workshop on Validation of Decompression Schedules. Bethesda, Maryland, 1987