Check-list des accidents de plongée pour services d’urgences et réanimation des hôpitaux

Recommandations de la Swiss Underwater and Hyperbaric Medical Society & Divers Alert Network of Europe.

Lésions dues aux micro bulles (Decompression Injury DCI)

L’accident de plongée engendre deux pathologies parfois fatales qui proviennent les deux de la réduction de la pression (décompression) lors de la remontée. Bien que le 95 % des symptômes surgissent dans les premières heures, leur apparition est possible encore au-delà de 24 heures après une plongée. Particulièrement une réduction supplémentaire de la pression, comme c’est le cas en prenant l’avion, peut retarder l’apparition des symptômes. Le plongeur malade peut quelquefois s’annoncer dans un hôpital situé loin de l’endroit de la plongée et où la corrélation avec la plongée ne semble pas évidente. Les deux pathologies sont en principe traitées sous recompression dans un caisson avec de l’oxygène hyperbare (OHB).

 

Embolie artérielle gazeuse (AGE)

Cause:Lorsqu’un plongeur en scaphandre autonome émerge d’une profondeur supérieure à 1.2 m sans expirer, l’expansion du gaz provoque une surpression dans les poumons, pouvant mener à une rupture des capillaires. Un afflux de gaz dans le système circulatoire systémique par les veines bronchiales mène à une embolisation dans tous les organes du corps, particulièrement toutefois dans le système nerveux central. Un air trapping inaperçu peut conduire au même problème, même en cas de comportement correct.

Symptômes :

  • état confusionnel survenant rapidement, troubles de la vue,
  • douleur thoracique,
  • perte du sens de l’orientation,
  • troubles de la personnalité,
  • paralysie,
  • fluctuation de l’état de conscience.

Pronostic :

  • éventuellement sans suites,
  • paralysie ou défaillance musculaire,
  • autres types de déficits neurologiques,
  • attaques convulsives,
  • arrêt respiratoire,
  • mort.

 

Maladie de la décompression (DCS)

Causes:Pendant la plongée, le plongeur respire le gaz sous une pression augmentée égale à la pression hydrostatique de l’eau qui l’entoure. Par l’effet de diffusion, le tissu du corps se charge de gaz inerte (généralement d’azote) dissout. Si la vitesse de remontée du plongeur excède la capacité de rétro diffusion permettant d’éliminer l’azote par les poumons, des bulles peuvent se former dans les tissus et les vaisseaux sanguins.

Symptômes:

  • grande fatigue,
  • démangeaisons de la peau (appelé puces du plongeur),
  • douleurs des grandes articulations (bends),
  • vertiges,
  • paresthésies ou hypoesthésies,
  • paralysie,
  • dyspnée.

Pronostic:

  • éventuellement sans suites,
  • paralysie ou défaillance physique,
  • autres types de déficits neurologiques,
  • vertiges,
  • perte d’équilibre,
  • toux spastique,
  • collapsus ou perte de conscience.

Les deux formes de lésions d’organes dues au gaz (DCI) peuvent se manifester indépendamment comme AGE ou DCS mais également survenir ensemble. Le diagnostic différentiel des deux formes n’est pas requis pour le traitement primaire. Un accident de plongée peut également engendrer une aspiration d’eau (pré noyade), un pneumothorax, un pneumo médiastin ou un emphysème sous-cutané. Des ruptures d’autres organes remplis de gaz peuvent survenir. Ces pathologies peuvent subsister avec une DCI ou de façon indépendante et doivent tout aussi bien être relevées du point de vue thérapeutique.
Etant donné qu’un accident de plongée peut également provenir d’un traumatisme, d’une hypothermie ou de souffrances internes préexistantes ces éventuelles causes primaires doivent également être prises en considération sans toutefois retarder le début de la thérapie. D’autre part, il s’agit de songer à la possibilité d’une DCI lors du traitement de plongeurs ayant perdu conscience ou hypotensifs, et ce également après des plongées qui ne nécessitent normalement pas une remontée par paliers.

 

Mesures immédiates au service des urgences (éventuellement par personnel soignant formé)

  1. Evaluation des fonctions vitales (fréquence respiratoire, pouls, tension artérielle, orientation/état de conscience) ;
  2. Mesures pour le maintien des fonctions vitales, réanimation (CPR) si nécessaire ;
  3. Contrôle de la respiration, libération des voies aériennes, ventilation (drainage lors du moindre soupçon de pneumothorax) ;
  4. Intubation si nécessaire (indications usuelles) ;
  5. Respiration à l’oxygène avec Fi02 1,0. Un appareil respiratoire fournissant effectivement 100% est requis, c’est-à-dire utiliser un système à circuit fermé avec absorbeur de CO2 ou un masque bien fixé avec un débit de 15 L/min au minimum. Positionnement à plat, sur le dos pour la réanimation ou en cas d’état de conscience tout à fait limpide, positionnement à plat sur le côté en cas de trouble de l’état de conscience ou nausée (si non intubé) ;
  6. Infusion de NaCI (ou Ringer lactate) pour la réhydratation (0,5 jusqu’à 1 L rapidement, comme remplacement du volume). Une hypo volémie marquée peut être admise, les plongeurs étant la plupart du temps déshydratés même après une plongée normale ;
  7. Statut général et neurologique par le médecin d’urgences, anamnèse spécifique à la plongée, documentation.

Mesures aux soins intensifs

  1. Poursuivre les thérapies éventuellement nécessaires au soutien .des fonctions vitales ;
  2. Poursuivre de façon ininterrompue l’oxygénothérapie avec un Fi02 1,0 jusqu’au traitement en caisson (OHB) ou décider de cesser la thérapie ;
  3. Poursuivre la réhydratation (jusqu’à l’atteinte d’une bonne diurèse) ;
  4. Examens spéciaux selon symptômes, en tout cas examen neurologique complet ;
  5. Traitement adéquat de complications ;
  6. Prendre contact avec la centrale d’appels d’urgence du DAN Europe qui fournit des conseils en médecine de plongée et des indications sur les centres d’oxygénothérapie hyperbare disponibles les plus proches, resp. qui organise la thérapie ;
  7. Le DAN Europe apporte également son aide dans l’organisation du rapatriement et du transfert dans des cliniques spécialisées étrangères.


Pour informations :
Centrale d’appels d’urgence du DAN Europe :

tél. 1414 ou +41 333 333 333 (c/o REGA, Zürich)
Office Suisse :
Faubourg du Lac 67, 2502 Bienne,
Tél. 032 322 38 23, Fax 032 322 38 39
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