Le modèle de Haldane fut remanié maintes et maintes fois par modification du nombre de compartiments, des périodes et des paramètres de remontée. Pour l’US Navy, Yarbrough en 1937 établissait des tables sur les « tissus » 20, 40 et 75 minutes seulement.

En 1956, Dwyer réintroduisit les tissus courts et un tissu de 120 minutes ainsi qu’une notion de coefficient de sursaturation variable pour un même tissu en fonction de la profondeur.

En France, les tables GERS 65 sont calculées sur un modèle haldanien à trois et quatre tissus (selon les tranches de profondeurs) avec deux jeux de coefficients de sursaturations constants pendant toute la remontée. Une évaluation statistique de la sécurité des tables GERS 65, entre 1966 et 1987, a été effectuée. Un nombre non négligeable d’accidents étaient survenu avec respect des tables. Ceci constitue, en fait, une des raisons qui ont conduit à l’établissement de nouvelles tables : les tables de la Marine Nationale de 1990 (MN 90). Les tables MN 90 ont été calculées selon la méthode haldanienne classique à 12 compartiments avec coefficients constants.

La variabilité des seuils de sursaturation critique en fonction de la profondeur fut définitivement structurée en 1965 par Workman aux Etats Unis. Plutôt que d’associer à chaque compartiment un seul coefficient de sursaturation critique comme dans le modèle haldanien d’origine, Workman attribua à chaque plage de profondeur son propre seuil, appelé M-value.

Une M-value, ou valeur maximum, est pour une profondeur donnée et un compartiment donné, la tension maximum admissible d’azote à cette profondeur. 

M = Mo + a.D
D = profondeur
Mo = tension maximum admissible quand D = 0.
a = coefficient déterminé expérimentalement

 A la suite des travaux de Workman, les tables de l’US Navy puis la majeure partie des tables et modèles ultérieurs utilisèrent les systèmes des M-values.

A partir de 1984, la COMEX a commencé une expérimentation, qui a duré trois ans, dont l’objectif était d’améliorer les performances des tables officielles françaises de 1974. Une étude statistique importante a été conduite par J.P. Imbert. La COMEX disposait d’une banque de données, informatisée, riche d’environ 150’000 rapports de plongée. La conception des nouvelles tables a été réalisée en cinq étapes :

  1. Evaluation des tables existantes (incidence ADD 1 /1000) ;
  2. Calcul des nouvelles tables ;
  3. Test des nouvelles tables sur certains sites de travaux sous-marins (avec pour certaines plongées à risque des surveillances écho-doppler) ;
  4. Réalisation des modifications requises en fonction des résultats sur les sites ;
  5. Présentation des nouvelles tables aux autorités : les actuelles MT 92 (Médecine du Travail).


Références :

  • Meleit JL, Haldane s’est-il trompé ?, Institut National de Plongée Professionnelle, Marseille
  • Workman RD, Calculation of Decompression Schedules for Nitrogen-Oxygen and Helium-Oxygen Dives. Research report 6-65, USN Experimental Diving Unit, Washington D.C., 1965
  • Yarbrough OD, Calculation of decompression tables. Research Report, USN Experimental Diving Unit, Washington D.C., 1937